Brignoles: éléments d'analyses


L’élection cantonale partielle de Brignoles s’inscrit à la fois dans la tendance lourde des législatives partielles qui ont lieu depuis juin 2012, et dans un contexte particulier propre à l’histoire politique du canton Brignoles.
Le résultat de la cantonale de Brignoles est, en effet, conforme aux tendances lourdes qui se sont dégagées lors des législatives partielles: une très forte abstention qui affecte en particulier l’électorat de gauche, l’élimination au 1er tour de la gauche dans 4 circonscriptions sur 7, une faible progression de la droite, la montée en puissance du FN. Dans aucune de ces partielles les scores des candidats du Front de gauche ne profitent significativement de l’effondrement des candidats du PS ou d’EELV.
Ils sont au mieux légèrement supérieurs en pourcentage par rapport aux exprimés à ceux des législatives de juin 2012, mais toujours avec des pertes importantes en voix.
A ces tendances constatées sur les législatives partielles se superpose le contexte particulier de Brignoles. Ce canton est caractérisé par un électorat vieillissant avec 58 % des inscrits ayant plus de 50 ans et une implantation forte du FN de longue date. En effet, depuis 1985, le FN a été de tous les seconds tours lors des cantonales. En 2011, le candidat du FN conquiert de 5 voix au 2e tour le canton. L’élection fut annulée. Le 1er juillet 2012, au 2e tour, Claude Gilardo, maire de Brignoles et candidat dès le 1er tour de toute la gauche, l’emporte de 13 voix malgré un rapport de force du 1er tour très défavorable. Cependant, l’élection fut à nouveau annulée, d’où le scrutin d’octobre 2013. La mairie de Brignoles fut conquise en 1995 par une liste d’union de la gauche conduite par le PCF lors d’une triangulaire, puis elle fut perdue en 2001 et reprise par Claude Gilardo en 2008, là aussi lors d’une triangulaire et avec une liste d’union. Claude Gilardo, candidat du PCF aux cantonales depuis 1985, a gagné le canton de Brignoles lors d’une triangulaire en 1998 et il l’a conservé en 2004 lors d’une autre triangulaire. Le canton de Brignoles était donc très loin d’être le «bastion communiste» décrit par certains médias.
Compte tenu des rapports de force antérieurs, du choix de Claude Gilardo de ne pas se représenter, de la très forte abstention prévisible à la fois pour des raisons nationales mais aussi pour des raisons locales, et étant donnée la règle des 12,5 % des inscrits pour se maintenir au 2e tour, seule une candidature unique autour du FG pouvait garantir l’accès au 2e tour à la gauche. Ce ne fut pas le choix de la candidate EELV et de ses soutiens locaux du PS. Ils portent tous une responsabilité accablante dans l’élimination de la gauche au 1er tour.
In fine, le nouveau candidat du FG, Laurent Carratala, rassembla au 1er tour 14,58 %/exprimés, soit une perte de 1 655 voix et 16,95 %/exp. par rapport à 2011 où EELV était présent au 1er tour contrairement à juin 2012. Cependant, ce score de 14,58 % est aussi à comparer au score de 10,91 % à la présidentielle et de 7,27 % aux législatives de 2012 du FG sur ce canton. Le résultat du Front de gauche par rapport aux législatives augmente de 123 voix.
Certains font porter la responsabilité du recul du FG par rapport à 2011 au soutien que lui a apporté la direction nationale du PS, alors que d’autres voient dans la critique de la politique gouvernemental les raisons de l’échec de la gauche.
Ces grilles de lecture contradictoires oublient, l’une comme l’autre, que Laurent Carratala, tout en soulignant à l’échelle de Brignoles les ravages de la politique gouvernementale d’austérité, faisait avant tout face à des candidats de droite et d’extrême droite et à la majorité UMP du Conseil général du Var. Elles sous-estiment aussi la capacité forte de rassemblement bien au-delà de l’électorat du FG qu’avait Claude Gilardo et que Laurent Carratala ne pouvait acquérir en quelques semaines de campagne.
Reste que le 2e tour a montré malheureusement, au prix de l’élection d’un conseiller général FN, que contrairement à la gauche incarnée par un communiste de 1998 à 2012, la droite a été incapable à Brignoles de faire barrage à l’extrême droite.
* article de Yann Le Pollotec publié dans le supplément à l’Humanité du 16 octobre 2013

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