Désengagement de l'Etat

"L'annonce par le gouvernement d'une ponction supplémentaire sur les budgets locaux a assombri un peu plus l'avenir des communes." C'est le jugement de l'Association des petites villes de France (APVF) sur le nouveau dispositif de "péréquation horizontale" du gouvernement. 
Jusqu'à présent, une aide spécifique, la dotation de solidarité urbaine (DSU) était apportée par l'Etat aux villes confrontées à des ressources insuffisantes alors qu'elles ont des charges lourdes. C'était la "péréquation verticale" de l'Etat vers les communes. Avec la "péréquation horizontale", seuls les fonds des collectivités territoriales sont mis à contribution.
Dans un contexte de suppression de la taxe professionnelle, de gel des dotations, d'étranglement de leur budget, l'ensemble des associations d'élus locaux dénoncent ce nouveau prélèvement qui permet à l'Etat de se placer en spectateur avec une recette éculée: déshabiller Paul pour habiller Jacques.
Ce mécanisme "injuste et inefficace" ne corrigera pas les inégalités.
"Une perversion même de l'idée de péréquation" d'après, cette fois, l'Association des grandes villes de France. Plus de la moitié des communes les plus en difficultés, bénéficiaires auparavant de la DSU en seront exclues voire, seront elles-mêmes obligées d'y contribuer.
Ce dispositif marque une nouvelle étape du désengagement de l'Etat, en matière de responsabilités financières, pour assurer l'équité sur tout le territoire. Il vise petit à petit à imposer, dans la gestion des communes, ses propres critères d'austérité budgétaire. Nous sommes très loin d'une péréquation solidaire.


Récupération politique

Après l'émotion et la compassion légitimes, l'instrumentalisation politique à des fins sécuritaires prend le dessus dans l'affaire d'Agnès. Laurent Mucchielli (sociologue, spécialiste de la délinquance) évoque une récupération évidente et des annonces pas pertinentes dans ce point de vue* (intégralité sur humanite.fr) .
 
"On est dans une récupération politique classique. Chaque année des faits divers s'imposent dans l'actualité, avec un niveau d'audience médiatique très important. C'est là que le politique s'enclenche. On l'a vu déjà en janvier dernier avec l'affaire Laëtitia. Et comme souvent en pareil cas, les annonces politiques qui suivent ces faits sont totalement déconnectées de la réalité. Elles prennent trois formes principales: 
- les déclarations de principe, comme celle de François Fillon lundi, qui a dit vouloir faire de la lutte contre le récidive "une priorité", comme si ce n'était pas déjà le cas
- deuxième réthorique, le discours sur les "dysfonctionnements" de la justice et, en l'espèce aussi de l'éducation nationale, tenu cette fois par Claude Guéant
- enfin troisième type d'intervention, le discours décalé, la proposition avancée parce qu'il faut dire quelque chose, mais qui ne s'avère pas du tout pertinente. 
Sur ce terrain se sont retrouvés le ministre de la Justice mais aussi le Parti socialiste, qui plaident pour une utilisation accrue des centres éducatifs fermés. Or ces centres ne répondent en rien à la problématique éventuellement soulevée par l'affaire Agnès. Ce sont des lieux qui visent à raccrocher des jeunes délinquants à la socialisation scolaire. Il s'agit d'une affaire criminelle rarissime, à forte dimension psychiatrique. Des cas de ce type (le viol et le meurtre d'un mineur par un autre mineur), il y en a entre 0 et 1 par an.
Le gouvernement promet par ailleurs de mieux "évaluer les criminels violents". Or le problème n'est pas un manque d'outils techniques mais de moyens humains. Lorsqu'un psychiatre, dans un service pénitentiaire d'insertion et de probation (Spip) doit suivre 100, 120 voire 150 dossiers, le niveau de suivi est forcément très léger. Enfin, on semble oublier une chose: le risque zéro n'existe pas. Inutile de mentir aux gens là-dessus."
* publié dans l'Humanité du 23/11/2011

Instrumentalisation de l'histoire

Nicolas Sarkozy instrumentalise l'histoire pour accompagner son remodelage de la société. Falsifications et retournements sont une constante chez lui, pour régler des comptes comme avec le programme du Conseil National de la Résistance qu'il combat avec méthode.
Pourquoi, arguant du fait que le dernier poilu est mort, déposer un projet de loi pour changer la nature du 11 novembre? 
Est-ce une journée destinée à honorer ses acteurs encore vivants? Non, elle est dédiée à un fait qui reste d'actualité pour permettre aux générations futures de comprendre les raisons d'une guerre. Comment et pourquoi dans les tranchées, des milliers d'hommes ont vécu des souffrances inouïes? Comment et pourquoi le jour même de l'armistice, 10000 soldats ont été victimes d'officiers bellicistes.
Les commémorations (quelle que soit notre opinion sur leur forme) sont utiles à cela, à appréhender cette période.
Il en est de même pour toutes les guerres. Edulcorer, supprimer les dates commémoratives, ou pire, ne jamais leur en attribuer une, équivaut à les effacer, les faire disparaître de la mémoire.
Certaines sont gênantes. Jusqu'en 1999, celle d'Algérie a eu pour appellation officielle: "les événements" ou "les opérations". On voudrait en gommer d'autres toutes aussi coloniales et abjectes comme celle du Vietnam.
Et puis, il y a les "petites" dernières telle celle d'Afghanistan ou celles dont on tait le nom (Cameroun, Côte d'Ivoire, Tchad).
Les fondre dans une journée non plus mémorielle, mais de l'oubli, du silence est bien pratique. Elles ne sont d'ailleurs pas toutes reconnues comme telles ou n'ont pas d'anniversaire officiel.Comme le dit Elie Wesel: "Le bourreau tue toujours deux fois, la seconde fois par l'oubli."

Coup d'Etat financier

En cette période de mensonges, de pressions (mentales et financières), de manipulations laissant croire qu'il n'y a pas d'autres choix que l'austérité, ce point de vue* de Francis Wurtz (député honoraire du Parlement européen) nous alerte sur les dangers pour la démocratie.

"Dans deux pays de la zone euro, dont l'un est fondateur de la Communauté européenne, les marchés ont réussi à propulser leurs hommes. Les deux sont des anciens de Goldman Sachs, l'une des plus puissantes banques d'affaires américaines au coeur des manipulations financières colossales à l'origine de la crise du système.
C'est un véritable coup d'Etat financier. Les marchés ont utilisé leur arme, à savoir la hausse vertigineuse des taux d'intérêt, pour menacer d'étranglement un pays qui ne répondrait pas à leurs injonctions. C'est extrêmement grave du point de vue démocratique. Aujourd'hui Mario Monti et Lucas Papademos sont pressentis pour répondre aux exigences des marchés et ont exigé, pour y parvenir, d'avoir le soutien des principaux partis politiques. Les pires partis de droite vont utiliser le mécontentement qui naîtra de ces politiques pour dénoncer ces orientations, l'illégitimité de de ces gouvernements non élus et les atteintes à la souveraineté. On imagine à partir de là ce que représenterait le fameux saut fédéral. Si l'on veut préparer une sortie par le haut de cette crise, il faut absolument se détacher de cette dépendance absolue aux marchés. 
Ce qui ramène à nos propositions (celles du Front de Gauche) sur un tout autre rôle pour la Banque centrale européenne qui doit utiliser son pouvoir illimité de création monétaire pour financer les investissements publics de création sociale à l'opposé des mesures d'hyper-austérité qui sont aujourd'hui la condition de l'aide financière. Il faut enfin récuser cette violation énorme de la souveraineté populaire et travailler à l'implication des citoyens à la conquête de pouvoirs d'intervention."
* publié dans l'Humanité du 14/11/2011

Vivement "L'Humain d'abord!"

PERPIGNAN Chaque séance du conseil municipal confirme nos critiques sur la réforme des collectivités territoriales. Le développement tentaculaire et forcé de l’agglomération éloigne les citoyens et leurs élus des lieux de décision.
L’heure (tiers de séance) consacrée, ce 3 novembre, à une «simple» information, pour laquelle l’avis des élus n’est pas requis, en est la preuve. Le CD-rom du bilan d’activité de l’Agglomération a permis à l’opposition de lancer un débat sur le fond et la forme. Clothilde Ripoull évoquant une «plaquette publicitaire» a dénoncé le «nombre pléthorique d’élus et l’augmentation des effectifs du personnel au regard de l’endettement de PMCA». Nicole Gaspon a critiqué un «triomphalisme qui n’est pas de mise» pour «l’une des villes les plus pauvres de France.» Elle a contesté une «prolongation de la concession avec Véolia (non discutée à Perpignan mais à l’agglo) en «inadéquation avec le pouvoir d’achat des Perpignanais». Jean Codognes a insisté: «le département n’attire pas les RMIstes, il en produit». Perpignan «ville la plus endettée de France» est une de celles «où les inégalités sont les plus fortes.
Jean-Paul Alduy a ressorti sa vision idyllique des choses: «On cherche à attirer des entreprises à haute valeur ajoutée: le Théâtre de l’Archipel en fait partie…» et a invité tous les élus à une réunion d’information à l’agglo. J-Marc Pujol s’est engagé à fournir «les vrais documents» demandés par Jacqueline Amiel-Donat. Des réponses qui apparaissent comme une reconnaissance du bien-fondé des interventions de l’opposition.
Cet esprit d’écoute et les réponses fournies à ses remarques, ont conduit l’opposition a modifier ses intentions de voter «contre» sur d’autres dossiers à l’ordre du jour: l’instauration de la taxe d’aménagement (abstention), l’affectation du Théâtre Municipal (pour) ou la vente d’un bien municipal (abstention). Dans ce contexte, la remarque intempestive de Jean Rigual (conseiller général muet habituellement à Perpignan) lors de la mise en place d’une mission d’information et d’évaluation obtenue par l’opposition: «Ici, ce n’est pas un lieu de débat !», est tombée à plat.
Martine Ruiz a dénoncé la diminution des recettes d’investissement dans la décision modificative budgétaire n°2, et s’est exclamée: «pour diminuer la dette, vous augmentez les amendes de police !» Jacqueline Amiel-Donat a insisté sur le déséquilibre trop important entre investissement et fonctionnement.
Nicole Gaspon a pointé l’absence de consultation des organisations syndicales concernées sur le dossier d’avis sur le plan stratégique régional de santé. Jean Codognes a souligné: « nous avons un territoire où les problématiques de santé sont les plus importantes». L’opposition a maintenu son avis défavorable sur le sujet, et, surprise, J-Paul Alduy s’est abstenu et a proposé que l’ensemble des remarques formulées soient annexées à l’avis majoritairement favorable. Comment doit-on interpréter ce choix de l’ex-sénateur?
Une motion unanime pour condamner l’incendie criminel au siège du journal Charlie Hebdo, au nom de la liberté de la presse et d’expression, a clôturé la séance.
Malgré une écoute réciproque et des constats alarmants, les délibérations ne traduisent pas une réelle volonté de changement politique qui réponde aux besoins d’une population perpignanaise dont une part grandissante subit la crise de plein fouet. Comme au niveau national, la droite refuse de remettre en cause le système en place et ne change pas de cap. C’est toujours les plus pauvres qui trinquent. Vivement que l’on mette «l’Humain d’abord !»

La Palestine à l'UNESCO!

 Le 31 octobre après bien des manoeuvres d’intimidation, la très grand majorité des 173 membres présents, 107 exactement (dont la France, les pays africains, arabes et asiatiques) ... 14 contre (dont les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne et l’Australie) et 52 abstentions (dont le Royaume Uni) ont fait de la Palestine le 195 ème membre à part entière de l’UNESCO.
En Novembre 1945 l’ONU se dote de cette instance qui a pour objectif selon son acte constitutif de «contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la culture, la collaboration entre nations, afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, que la Charte des Nations Unies reconnaît à tous les peuples».
La réaction des Etats-Unis ne s’est pas fait attendre en supprimant le jour même sa subvention représentant 22% du budget de l’organisation. Le 28 octobre, La directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, admettait que l’organisation devrait probablement réduire la voilure. "Il faudra couper des programmes, réajuster l’équilibre de notre budget. Mais ce n’est pas seulement un problème financier, c’est un problème qui concerne l’universalité de notre organisation", affirmait-elle. "Nous allons devoir travailler à des solutions pratiques pour préserver les ressources financières de l’Unesco", s’est aussi inquiété le chef de l’ONU Ban Ki-moon. Israël de son côté examine des mesures de rétorsions contre l’autorité palestinienne, suppression des visas pour les élus, suppressions de reversions de taxes de douanes, extension des colonies, la panoplie malheureusement habituelle...
Ce vote est un encouragement à poursuivre pour aller vers une décision favorable de l’ONU le 11 novembre même si nous savons que les Etats -unis feront tout pour s’y opposer.
Pour briser le mur du silence, avec le vote de l’UNESCO nous avons un nouveau moyen pour conjuguer espoir et efficacité.

Le retour!

L'été, le besoin de souffler, un voyage, diverses sollicitations ou activités m'ont conduit à délaisser le blog. Finalement, la fainéantise aidant...4 mois se sont écoulés sans qu'il soit alimenté!
4 mois sans donner un avis, relayer de l’info ou s'insurger… comme si dans l’actualité, il n’y avait plus rien à critiquer, dénoncer, combattre… Inutile de rêver ce n’est pas le cas et les raisons de poursuivre le blog ne manquent malheureusement pas!
J’aurai, bien sûr, pu faire un effort pour mettre, de temps à autre, quelque écrit en ligne. Mais alimenter régulièrement un blog est contraignant et on n’a pas toujours envie de se forcer. Et, je revendique ce droit de ne pas me sentir obligé de…
Fidèle à mes engagements, je reprends le flambeau pour continuer à apporter ma modeste contribution.