sont le lot quotidien de nos professions *
Aujourd’hui, monsieur le président, permettez-moi de vous
parler des conditions de travail des personnels de santé.
Vous savez, ces
milliers de fonctionnaires qui sont fustigés comme étant les responsables des
déficits publics! Ces agents de service hospitalier, ces aides-soignantes, ces
infirmières, ces techniciens, ces personnels administratifs et ouvriers, ceux
qui acceptent toutes les contraintes sur leur vie privée!Les horaires
hors statut, les nuits et week-ends qui s’enchaînent, les jours de repos
redonnés pour assurer la continuité du service, les heures supplémentaires qui
ne peuvent plus se récupérer et qui ne sont plus payées, c’est tout cela, monsieur
le Président, le quotidien des personnels hospitaliers!
Je ne vous ferai
pas l’affront de vous parler de leurs salaires, cela vous rendrait triste!
Votre
prédécesseur en a rajouté, comme si cela ne suffisait pas: suppressions
d’emplois, perte de la reconnaissance de la pénibilité, allongement des années
de cotisations, jours de carence (double peine pour les fonctionnaires puisque
leurs primes de services prennent en compte l’absentéisme), carrières et points
d’indice bloqués, etc…
La liste est
longue de tout ce que ces personnels ont enduré. Le don de soi, le soi nié,
pour toujours plus d’efforts demandés, sans jamais renoncer, jusqu’au «burn
out», jusqu’à en être malade, jusqu’à voir la souffrance au travail vous
pousser au bout de l’insupportable. La maladie, la souffrance et,
malheureusement, la mort sont le lot quotidien de nos professions.
Comment peut-on
donner le meilleur quand on est soi-même physiquement et psychologiquement
atteint dans sa chair et dans son cœur? L’Etat doit
prendre soin de ses salariés pour que ceux-ci puissent soigner, aider,
accompagner les patients, parfois jusque dans les derniers instants.
Alors, monsieur
le Président, le changement, c’est pour quand?
* article paru dans «l’Humanité» du 17 octobre signé par l’invité de la semaine:
Didier Marchand (agent hospitalier, un des cinq syndicalistes CGT de Roanne,
condamné lors du mouvement contre la réforme des retraites de 2010)
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