Si de récentes publications de l’INSEE montrent que
la société française connaît un développement grandissant des inégalités, un
examen fouillé des statistiques permet de mieux cerner leur nature et de
remettre certaines choses à leur place.
En 20 ans, l’écart de rémunération salariale entre
les chefs d’entreprise et leurs salariés a augmenté. Le salaire net annuel des
salariés à temps complet (secteur privé et entreprises
publiques) hors agriculture qui représentait en moyenne 41% de celui de leurs
dirigeants en 1990, était à 38% en 2010. Le salaire d’un ouvrier qui
équivalait, en 1990 à 31,2% de celui de son patron et celui d’un employé à 31,5% n’étaient respectivement qu'à 28,9 et 28,2% en 2010.
Les «pigeons» ne sont pas ceux que l’on dit!
D’autant que ces données globales mêlent la
rémunération du patron de PME et les 3,8 millions d’euros annuels perçus en
moyenne en 2010 par les patrons du CAC 40. Et comme certains dirigeants
d’entreprise disposent aussi d’importants revenus financiers, si l’ensemble des
revenus des uns et des autres étaient comptabilisés, les écarts seraient encore
plus importants
Il serait vain de s’en tenir à ces inégalités. Le
plus souvent, celles concernant les revenus et les patrimoines se cumulent avec
des inégalités culturelles, de sexe et de pouvoir. Un chef d’entreprise n’est
pas uniquement celui qui gagne beaucoup plus que ses salariés, c’est aussi
celui qui décide pour eux et qui parfois n’hésite pas à les mettre à la porte.
Ces inégalités font système et ce système est en crise, il est même au cœur de
la crise.
Dans nos
sociétés capitalistes, la délégation du pouvoir de gestion des entreprises
opérée en faveur de l’oligarchie a été sérieusement mise à mal par la crise de
2008. Aussi, les campagnes orchestrées sur le prétendu excès de dépenses
publiques ou du coût du travail n’ont pas que des visées économiques et
sociales. Elles ont aussi une dimension politique. Il s’agit de détourner
l’attention des véritables responsables de la crise et de parer à toute remise
en cause radicale des privilèges de gestion économiques, sociaux et politiques
d’une caste.
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