Rythmes scolaires: aubaine pour le privé?


Les écoles primaires seront-elles bientôt sponsorisées par le CAC40? Les élèves apprendront-ils à lire dans une classe Total et à compter grâce aux assurances Axa? Un tel scénario relève de la fiction… actuellement.
Mais, dès la rentrée 2014, certaines activités périscolaires, instaurées par la nouvelle semaine de quatre jours et demi, seront financées par l’entreprise Total. Le 7 juin, le groupe pétrolier a signé un accord-cadre avec la ministre Valérie Fourneyron, dans lequel il s’engage à financer des projets en faveur de la jeunesse, à hauteur de 16 millions d’euros. Quatre millions seront destinés à «des activités éducatives et culturelles en dehors du temps scolaire, notamment en accompagnant la réforme des rythmes éducatifs dans le premier degré», détaille le communiqué du ministère. «Il ne s’agit que d’une renégociation d’un accord signé en 2009 avec Martin Hirsch», explique la fondation Total à qui le nouveau gouvernement  a demandé d’orienter une partie de ces fonds vers le financement de sa réforme.
Ce recours à des fonds privés «trahit un glissement insupportable dans la manière dont l’État considère le futur de l’organisation scolaire», a dénoncé, cet été, l’Association des Maires Ruraux de France. C’est la conséquence d’une réforme «imposée aux collectivités locales mais qui n’est pas financée par l’État», ajoute son directeur. Comme l’État, des collectivités vont-elles, par manque de ressources, se tourner vers le secteur privé? «C’est encore trop tôt pour l’affirmer, répond Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire, mais on peut se poser la question, à une époque où le marché du périscolaire est en véritable essor.» Sur Internet fleurissent les spams de sociétés proposant des solutions pour «l’après-école». «Comment occuper les enfants après 16 heures?» interroge une association artistique qui se vante d’avoir «été sélectionnée par la mairie de Paris pour animer des ateliers dans l’enceinte des écoles» et propose de «prendre en charge les enfants jusqu’à 20 heures». Sans parler des mastodontes du soutien scolaire, telle Acadomia, qui ne capte encore que 20% d’un marché estimé à 1,5 milliard d’euros.
En lançant une réforme sans moyens pour l’appliquer, l’État offre un boulevard aux acteurs du périscolaire, un secteur déjà en plein essor.

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