PS: Le premier ministre est le principal instigateur du coup d’Etat libéral droitier au sein du parti du Président.
«La
gauche peut mourir» a prophétisé
Manuel Valls. Il parle en fin connaisseur, lui qui est le plus actif des
fossoyeurs de cette gauche qui détient tous les pouvoirs en France. C’est
un objectif qu’il peaufine depuis plusieurs années. En 2011, ne préconisait-il
pas déjà d’en finir avec «le socialisme à la française»? L’ancien chargé
de la communication de Lionel Jospin clamait alors: «Il faut sortir des 35
heures et être capable d’aller sur tous les sujets: celui de l’entreprise, de
l’allégement du coût de travail. (…)
Je suis convaincu que la gauche doit
renouer un véritable pacte avec le monde économique, avec le monde de
l’entreprise.» À l’époque, il était encore très minoritaire dans son parti.
Il n’avait recueilli que 5,6 % de voix à la primaire organisée en octobre 2012
pour le choix du candidat socialiste à la présidentielle.
Depuis,
il est devenu, avec la bénédiction de François Hollande, le principal
instigateur du coup d’État libéral droitier dans le PS. Va-t-il entraîner dans
son sillage la majorité de socialistes? Les «frondeurs», les «affligés»,
les dissidents vont-ils au contraire faire front? En tout cas, l’intéressé met
les bouchées doubles. On l’a vu à l’occasion de la conférence sociale boycottée
par la CGT, FO, Solidaires et la FSU, avec le conflit de la Société nationale
maritime Corse Méditerranée.
Au
fil de ses discours,son credo se précise
Valls
se voit le théoricien et le chef d’orchestre de la transformation simultanée de
la France et du PS. Transformer la France, dont il déplore qu’elle soit «coincée
dans ses postures partisanes», ce serait la remettre pieds et poings liés
au capital financier. Transformer le PS, ce serait en faire un parti libéral
définitivement débarrassé de la référence socialiste. Aussi l’exhorte-t-il à se
«réinventer» et à «sortir des vieilles recettes du passé». Ce
n’est pas un hasard s’il a tenté de s’approprier Jean Jaurès dans le discours
qu’il a prononcé récemment à l’occasion de l’inauguration de l’exposition
«Jaurès contemporain 1914-2014». Assimilant la France du début des années 1900
à celle d’aujourd’hui, il a prêté au fondateur de la SFIO des intentions que
rien ne justifie: «A ce pays et à cette gauche tourmentés par la nostalgie
révolutionnaire et par la radicalité, il a su montrer avec panache que l’exercice
du pouvoir était un honneur, un devoir et aussi un dépassement »
Enfin
comble de la prétention, il s’est cru autorisé, en opposition avec toutes les
analyses historiques, à inventer une improbable réconciliation entre Clemenceau
et Jaurès si ce dernier n’avait pas été assassiné en juillet 1914. En somme la
réconciliation de l’ordre bourgeois et de la République sociale, une mission
historique dont Valls se croit investi.
* article de Roger HILLEL
publié dans le TC du 25 juillet 2014
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