Sur
les mains de Ponce Pilate
Le crime se poursuit.
Les avions israéliens pilonnent sans trêve Gaza, tuant des dizaines de civils.
Des corps d’enfants ensanglantés sont arrachés aux ruines de leurs maisons.
Benyamin Netanyahou a décidé d’embraser le Proche-Orient par des représailles
massives après l’assassinat de trois adolescents israéliens par on ne sait
quels extrémistes. Le premier ministre israélien traite en otage la population
palestinienne comme partout les
occupants l’ont fait, avec l’espoir de briser
l’évolution du Hamas qui renoue enfin avec le Fatah et ainsi d’édifier de
nouveaux obstacles à une solution politique assurant l’existence de deux États
souverains dans les frontières de 1967. La droite israélienne alliée à une
extrême droite fanatique parie sur l’enchaînement des violences pour maintenir
sous son joug la prison à ciel ouvert qu’est Gaza, pour étouffer les confettis
administrés par l’Autorité palestinienne et les emmurer, pour amplifier la
colonisation des territoires occupés et de Jérusalem-Est. C’est une voie sans
autre issue que la souffrance et la haine à perpétuité. Condamnée à de
multiples reprises par les Nations unies, cette politique trouve de sinistres
complaisances. Les salves de roquettes tirées par le Hamas, qui compte ainsi
capter la colère populaire, ne sont rien face à la force brute et électronique
des missiles tirés depuis les avions et les drones. Mais les voilà mis sur le
même rang par des responsables occidentaux.
Sans crainte d’indécence, François Hollande a «condamné fermement les agressions» contre Israël,
a exprimé sa «solidarité» envers Benyamin Netanyahou et jugé qu’il «appartient
au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa
population face aux menaces». À cette heure, on comptait déjà 64 morts à Gaza
et aucun en Israël… À Paris, ce n’était pas la France qui s’exprimait, tout
juste un président qui en usurpe le prestige pour couvrir une tuerie. Ainsi
parlait Ponce Pilate, sachant où était l’innocence et où gisait le crime. Il ne
suffira pas de s’en laver les mains pour en effacer les taches de sang.
Éditorial
de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité du 11
Juillet, 2014
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