Austérité: pas pour tous...


Crise d'embonpoint dans les cabinets
Se mettre "au service de la France", comme disaient encore les ministres et hauts fonctionnaires sous De Gaulle - ou même, tiens, sous Mitterand -, c'était faire preuve d'abnégation. "Mais ça, c'était avant." Aujourd'hui, et comme sous Sarkozy, les cabinets ministériels, tenus à la transparence, déclarent de substantielles gratifications pour faire leur travail. Le "service de la France" est un métier comme un autre après tout.
Le dernier "jaune budgétaire", annexé au projet de loi de finances 2014, détaille donc les primes attribuées aux "personnels affectés dans les cabinets ministériels". Désignées par le doux nom - surtout en fin de mois - d'"indemnités pour sujétions particulières" (ISP), il s'agit d'enveloppes distribuées pour compenser les impératifs de service (présence de nuit, absence de congés...). Jusque-là rien d'anormal. Mais à l'examen, il ressort que, sur les 565 membres des équipes ministérielles (en hausse de 7,4% par rapport à 2012, soit 40 nouveaux collaborateurs), 449 se sont répartis... 12 millions d'euros de "primes de cabinet".
Du chiffre plancher de 670 euros brut par mois (Michel Sapin, déjà grand économe en 2013) on pouvait crever le plafond pour certains ministères (42478 euros annuels pour le ministère délégué à la Décentralisation, 42123 à la Culture, 40195 à celui de l'Artisanat). Sans compter que le budget alloué à ces dotations annuelles est en hausse: plus "2,4% par rapport à 2012" note le "jaune budgétaire", quand l'inflation en 2013 était de 0,9%. Un complément de revenus que les fonctionnaires territoriaux, les intermittents du spectacle ou les petits artisans aimeraient avoir...
Mais, en 2013, dans la "République exemplaire" de François Hollande, les petits se sont serré la ceinture. dans les ministères aussi, paradoxalement. Car l'augmentation constatée se double d'une injustice de classe: les "fonctions supports" (chauffeurs, personnel de service, garde du corps) environ 2500 personnes qui sont elles aussi soumises à ces primes, n'ont touché, elles, que 200 à 500 euros par mois. Pour "supporter" un tel spectacle, c'est peu.
* Grégory Marin (article publié dans l'Humanité du 15 avril 2014)

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