Le
chef de l’État a redessiné la France institutionnelle en quelques heures au nom
de «l’Europe des régions», par lesquelles les territoires et les métropoles
s’extraient des processus citoyens en privilégiant les logiques marchandes et
la compétition économique. Ainsi, on voudrait nous imposer la sortie de notre
histoire républicaine à la française. Lire ci-dessous l'édito de Jean-Emmanuel Ducoin publié dans l'Humanité du 4 juin 2014.
Sortie
programmée de notre histoire?
Comment décider au nom du peuple en tournant le dos aux
citoyens? À cette question assez surréaliste dès qu’il s’agit d’évoquer la
démocratie (posons-la aux épreuves du prochain bac philo!), François Hollande
et sa cohorte de charcutiers ès redécoupages ont répondu par l’absurde et le
cynisme, deux mots très souvent associés ces temps-ci au pouvoir.
Ainsi
l’ont-ils décidé lors d’un de ces comités restreints dont la Ve a le secret: le
«big-bang» territorial tant rêvé par la droite et le Medef est donc lancé.
Plus rien, pensent-ils, ne l’arrêtera. Mais l’affaire est sérieuse et grave…
Quatorze régions, soit; pourquoi pas douze, seize. Là n’est pas l’essentiel.
Non, la raison pour laquelle le chef de l’État a redessiné
la France institutionnelle en quelques heures procède d’une logique qui
s’apparente tellement à ce que Sarkozy lui-même avait en tête que nous pouvons,
hélas, prévoir le pire. Au nom de «l’Europe des régions», par lesquelles les
territoires et les métropoles s’extraient des processus citoyens en
privilégiant les logiques marchandes et la compétition économique, on voudrait
nous imposer la sortie de notre histoire républicaine à la française. Rien
d’étonnant, l’éradication des échelons territoriaux jugés «inférieurs», comme
les départements ou les communes – là où subsiste la vivacité démocratique
locale –, est une vieille inspiration libérale de la construction européenne,
qui n’a d’autre ambition que l’austérité accrue pour les budgets publics, quels
qu’ils soient.
Nous
n’irons pas jusqu’à parler de «coup d’État». Encore que! Laissera-t-on l’Europe libérale et la finance triompher du
bien commun, des solidarités et des principes d’égalité des territoires? Laissera-t-on
l’Europe des régions et sa logique de dépeçage austéritaire anéantir
l’organisation républicaine née de la Révolution et revivifiée au lendemain de
la Seconde Guerre mondiale? Changer
de République pour une VIe, oui. Vendre la République au plus offrant, non.
Tôt
ou tard les citoyens eux-mêmes devront avoir le dernier mot. Par référendum.
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