En
2012, l'adversaire du candidat Hollande était «sans visage». Aujourd’hui, il a
celui des millions de Français qui vivent du RSA ou de leurs maigres retraites.
François
Hollande commencerait à «voir le bout du tunnel». Mais pour la majorité des
Français, c’est toujours le noir complet. Car, que peut fêter aujourd’hui le
président de la République? L’espoir ressuscité d’une alternative de gauche aux
années Sarkozy? La fin de la crise économique?
Rien… si ce n’est l’enterrement
du logiciel socialiste pour y incorporer les vieilles méthodes libérales.
Là-dessus au moins, il n’aura pas perdu de temps. Le candidat du Bourget assume
désormais de faire payer la crise aux plus pauvres, à ceux qui vivent avec
moins de 500 euros par mois. En 2012, son adversaire était «sans visage».
Aujourd’hui, il a celui des millions de Français qui vivent du RSA ou de leurs
maigres retraites.
À l’an III du quinquennat, lui et son premier ministre
assument être «des gestionnaires» exemplaires, qui n’hésiteront plus à
sacrifier la croissance aux dogmes des commissaires européens. C’est le seul «retournement»
qu’on puisse observer et il tente de l’imposer au PS, sans passer par la case
«congrès». Car François Hollande se sent finalement à l’aise dans les habits du
monarque républicain, cousus par les institutions de la Ve République.
Quoi? Il y a encore des voix pour s'en offusquer? Il existe encore des
députés socialistes pour demander la réévaluation du RSA? Des «djihadistes», a
osé leur jeter à la figure leur «camarade» Jean-Jacques Urvoas. Alors, quelle
gauche après ça? L’acte II du hollandisme démarre après que le vote
parlementaire du 29 avril a sonné le glas de la majorité présidentielle issue
du 6 mai 2012. Le chef de l’État avait conçu son quinquennat en deux étapes.
Le
temps de la «redistribution» devait succéder à celui des «sacrifices». Mais sa
nouvelle feuille de route, violente contre les milieux populaires, non
seulement alimente la crise démocratique et le populisme des Le Pen, mais
éclabousse l’ensemble des progressistes. Alors la braise de la gauche doit
reprendre, sans attendre que François Hollande souffle sur les cendres du
socialisme.
Maud Vergnol (édito de l'Humanité du 6 Mai 2014)
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