Autoroutes: des milliards en moins pour l'Etat


Une campagne contre le bradage du réseau routier et pour une maîtrise publique du réseau national est actuellement menée notamment par la CGT. L'objectif est double: le retour des revenus financiers à l’investissement et au développement et l'opposition au plan de relance autoroutier 2015-2020 qui est la poursuite de la privatisation du réseau. Au prétexte qu’il n’y a pas d’argent, l’État poursuit le bradage pour 3,7 milliards d’euros auprès de sociétés qui regorgent déjà d’énormes profits non réinvestis dans l’intérêt général.
C’est un mauvais signal qui rapportera des rentes importantes aux grands groupes et privera l’État de recettes.
Lorsque l’État était seul actionnaire, il récupérait les dividendes pour les réinjecter dans le développement des réseaux routiers. Aujourd’hui, chaque fois qu’une société privée procède à un investissement, elle l’amortit rapidement grâce au péage et fait ensuite du profit net. Le manque à gagner pour l’Etat est évalué annuellement à 1 milliard auquel il faut ajouter les 800 millions de l’écotaxe qui auraient dû entrer. L’État se prive donc de près de 2 milliards: c’est loin d’être négligeable. Un retour des sociétés d’autoroutes dans le giron de l’État serait bénéfique aux finances publiques et aux usagers.
Alors que les cahiers des charges qui lient l’État aux sociétés concessionnaires imposent des investissements pour l’entretien et la sécurité, on observe une dégradation de l’état du réseau. Alors que 15 % environ des chaussées devraient être renouvelées chaque année, ce taux est tombé à 8,8 % en 2009 et à 4 % en 2012! Selon le rapport Mobilité 21 du sénateur Philippe Duron, il faudrait un budget de 160 millions d’euros par an pendant 8 ans. Or, il est actuellement de 110 millions. Les incidences sur la sécurité routière peuvent être lourdes. 
On pouvait penser qu’une fois la concession amortie par les sociétés, on roulerait gratuitement ou on aurait une contrepartie en entretien et en sécurité. Au contraire, l’état des routes se dégrade et les péages augmentent. Il faut savoir que les routes concernées par le plan de relance sont déjà payées par les contribuables et continueront d’être payées par l’usager via les péages pendant les années de concession. 
Pourtant l’État a pour mission d’encadrer les tarifs conformément aux cahiers des charges. Mais l’État aujourd’hui n’a plus les outils suffisants pour peser, ne serait-ce que pour faire l’analyse financière de ce que les sociétés ont acquis avec la hausse des tarifs et ce qu’elles auraient dû consentir en matière d’investissements. Quant au Comité national des usagers, il n’est que consultatif. Or, l’usager doit s’approprier la question au moment où la règle du choix et de la liberté pour la gratuité n’est plus prise en compte. L’usager avait le choix de l’itinéraire. Aujourd’hui, c’est plus difficile. La sécurité maximale est davantage sur les 2x2 voies. On voit mal comment, même si ça lui coûte cher, il consentirait à reprendre des routes d’un moindre niveau de sécurité et souvent saturées. C’est la double peine pour l’usager. L’intervention citoyenne devient primordiale.

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