Barrage de Sivens, projets environnementaux...

Réconcilier homme et nature
Le drame de Sivens a mis au cœur de l'actualité le projet de barrage, jugé inutile par ses opposants. Mais certains généralisent contre les "grands projets inutiles", ce qui mérite débat. L'idée sous-jacente, simple et simpliste, est que n'importe quel projet humain est une offense à la nature, une régression.
C'est faire fi de deux arguments forts:
1- L'humain est une composante de l'écosystème pas moins respectable que d'autres éléments (faune, flore, zones humides...). Il faut donc être exigeant aussi à ce qui peut améliorer le sort de l'humanité: pas de respect des écosystèmes quand l'homme est maltraité, pas de sensibilisation massive aux projets environnementaux sans développement humain!
2- Chaque projet local appelle des réponses locales en terme de gestion écologique. La généralisation anti-projet est un abus, une réponse qui nie toute possibilité de gestion environnementale au cas par cas.
Ne mélangeons pas les choses, l'utilité d'un projet se mesure aux bénéfices pour l'homme, sa pertinence à l'aune des besoins humains, du coût, de l'impact environnemental qui déterminent les choix d'améliorer, de faire ailleurs, ou d'abandonner.
L'impact environnemental négatif évalué par des professionnels de l'écologie (bureaux d'étude, experts du ministère, universitaires... ) peut-être réduit par des mesures compensatoires (gestion environnementale évoquée plus haut). Rien d'incompatible entre projet de développement humain et respect de l'environnement. Rien n'empêche des projets conçus dans une logique de développement durable... si ce n'est quand des économies sont faites sur les expertises et les mesures compensatoires, prix à payer du respect de l'environnement... mais qui créent aussi des emplois!
Dans le cas du barrage de Sivens, l'expertise du ministère de l'Écologie dit que ce projet peut être amélioré du point de vue des aspects environnementaux. Si le projet est maintenu, il faudra au minimum obtenir cette amélioration. La gestion environnementale est possible et utile. Plus globalement, il faut envisager des (grands) projets utiles, pour lesquels le prix est mis dans des mesures de gestion environnementale. La mobilisation est nécessaire autour de cette démarche.
La démocratie doit être développée en donnant aux associations, riverains, usagers, le droit de saisir une haute autorité environnementale susceptible d'engager des expertises indépendantes. Je plaide, en outre, pour un service public de l'expertise, car l'expertise, essentiellement privée (bureaux d'études), fait des expertises au minimum, pour réduire les coûts, rendant des diagnostics parfois médiocres.
Mettre en place ces mesures devrait permettre d'éviter que de tels drames ne se reproduisent et aussi de ne pas tomber dans la généralisation outrancière anti-projets qui pousse à la régression.
* contribution d'Alain Pagano (membre du CN du PCF, maître de conférences en écologie à l'université d'Angers) publiée dans l'Humanité du 3 novembre 2014

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