En 2005, nos autoroutes, dont la plupart étaient
largement amorties, ont été bradées aux multinationales du BTP. A l'époque, la
sous-évaluation de la valeur de ces sociétés concessionnaires avait interpellé
beaucoup de spécialistes. Dans un tout récent rapport, l'autorité de la
concurrence a estimé la rentabilité après impôts des concessionnaires (Eiffage, Vinci, Sanef) "exceptionnellement élevée". Sur 100 € de
péage payés par l'usager, 20 à 24 € sont du profit net pour les sociétés
d'autoroute. Une sacrée machine à sous. En 2032, date de fin de la concession
des autoroutes, on estime que ces sociétés auront engrangé le chiffre pharaonique
de 40 milliards d'euros de bénéfices!
Le 19 juin dernier, le Sénat avait l'occasion
d'adopter une proposition de loi, déposée par le groupe communiste et
républicain, permettant d'engager la renationalisation des concessions
d'autoroutes. Cela ne fut pas le cas puisque les socialistes, le centre et la
droite ont voté "contre", formant une majorité rétrograde pour
repousser cette proposition de nationalisation des autoroutes et d’affectation
des dividendes à l’agence de financement des infrastructures de transports. On
aurait pu redonner des moyens importants à la puissance publique, bien
supérieurs à la simple "ponction" aujourd'hui proposée, pour une
politique des transports respectueuse des hommes, des territoires et de
l’environnement.
Faut-il renationaliser les 9000 kms d'autoroutes à
péages? Cette question va de nouveau être posée dans les prochaines
semaines. Une mission d'information parlementaire, "en vue d'étudier les
modalités de rachat par l'État des concessions autoroutières et de définir les
conditions dans lesquelles il pourrait ensuite mettre en oeuvre l'exploitation
des autoroutes", rendra ses conclusions d'ici la fin de l'année. Est-il
possible de mettre fin à la privatisation de la rente autoroutière, de
favoriser la modération des tarifs de péage et de dégager des moyens financiers
pour l'Agence de financement des infrastructures de transport en France? Oui, en mobilisant 15 à 20 milliards.
C'est beaucoup? Certes, mais n'oublions pas que
chaque année le patronat touche 220 milliards d'aides publiques, dont le fameux
CICE, alors que dans le même temps, l'INSEE vient d'enregistrer une baisse de
l'investissement et que l'Unédic prévoit plus de 150 000 chômeurs de plus d'ici
la fin 2015. A quand un contrôle public sur l'utilisation de ce pactole?
Pourquoi ne pas en demander le remboursement quand ces sommes ne sont pas
utilisées pour l'emploi, les salaires, la formation, les investissement utiles,
la transition écologique et énergétique? Tout cela au fond relève d'un
choix de société: l'humain ou le fric, la transition écologique ou le
chaos.
extrait d'un article d'Olivier Dartigolles
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