Un choc sur la consommation
La hausse de la TVA va augmenter les prix de 0,35 point selon l’Insee,
avec un impact sur la consommation et l’activité économique.
Injuste,
la hausse de la TVA est aussi inefficace économiquement. Selon les premiers
calculs de l’Insee, qui rendra sa note de conjoncture le 20 décembre, la hausse
des taxes à la consommation aura un impact important sur les prix de 0,5 point,
si toutes les entreprises augmentent leur prix, avec un scénario central autour
de 0,35 point. «Cette répercussion sur l’inflation se diffusera
progressivement sur plusieurs mois, jusqu’à la fin du mois de juin»,
analyse Cédric Audenis, chef du département conjoncture de l’Insee. En prenant
les dernières prévisions pour 2014, qui prévoient une progression des prix
comprise entre 1,3 et 1,5% selon les organismes, la TVA participera pour un
quart de cette hausse.
Cet
effet sur les prix ne sera pas sans conséquence sur la consommation et la
croissance. Le choc négatif sur la consommation, explique l’économiste de
l’Insee, sera équivalent à celui de l’accélération des prix, soit - 0,35 point.
En conséquence, plutôt que d’avoir une croissance de la consommation de 0,8%
selon la moyenne des prévisions, la France aurait pu bénéficier d’une
progression de 1,15 % sans la hausse de la TVA. D’autant que la consommation
intérieure est quasiment la seule contribution positive à la croissance pour
2014.
Ces
6 milliards d’euros de taxes supplémentaires sont censés financer en partie les
20 milliards d’euros d’allégements de l’impôt sur les sociétés. Or, comme le
rappelle Éric Heyer, chef du département des prévisions à l’Observatoire
français des conjonctures économiques (Ofce), «66% des entreprises sont
confrontées à une crise de la demande. La politique de stimulation de l’offre
financée par un choc de demande négatif ne fera qu’empirer la situation».
Dans
le monde idéal de François Hollande, les entreprises devraient répercuter l’allégement
du Cice en baissant leur prix. Ce qui, en théorie, rendrait l’effet sur les
prix nul. Mais l’Insee «a pour l’instant une grosse interrogation sur le
comportement des entreprises». «Il est peu probable que les entreprises
jouent le jeu, explique Éric Heyer. Ces dernières préféreront
probablement améliorer leurs taux de marge, qui se sont fortement dégradés
depuis 2011.»
Autant
dire que les actionnaires seront les seuls gagnants.
*article paru dans l'Humanité du 28 novembre 2013
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