Mal-bouffe et business


Si un cheval roumain et un poisson d’élevage n’ont aucun point commun, tous deux font ensemble la une d’une actualité qui questionne sur une alimentation saine et accessible à tous.
Le scandale des plats cuisinés, étiquetés «pur boeuf» mais contenant du cheval, a mis en lumière les dérives de mécanismes agroalimentaires happés par les intérêts financiers.
Les éleveurs, les salariés et les consommateurs payent les dégâts d’une course au profit maximum mise en oeuvre par les groupes de la filière «viandes» et de la grande distribution, encouragée par la «concurrence libre et non faussée» de l’Europe capitaliste.
En soutenant l’absence de risques sanitaires pour rassurer les consommateurs, le gouvernement banalise cette «affaire». Il tergiverse face au refus de l’ANIA (Association Nationale des Industries Alimentaires) de remettre en place et renforcer les contrôles publics, au profit de l’auto-contrôle dont on voit aujourd’hui les dérives. Alors que toute la chaîne alimentaire doit être contrôlée de façon transparente et indépendante, la confusion entretenue entre différents ministères et services déconcentrés pose directement la question de la volonté de l’Etat
La séparation des activités d’abattage, de transformation et de travail des viandes de cheval et de bœuf, a été instaurée parce que la viande de cheval est plus fragile et peut développer des bactéries sans un traitement rapide. Sans un règlement sur le fond et un arrêt total des dérives de la financiarisation de la filière, les risques sanitaires existent bel et bien. D’autant plus que les politiques d'austérité, la révision générale des politiques publiques (RGPP) imposée par Sarkozy en 2007, ont conduit à réduire le nombre de contrôleurs, de douaniers, de vétérinaires. Le dernier conseil européen vient encore restreindre ces dépenses chargées de permettre ces contrôles, en taillant le budget de la politique agricole commune. Les objectifs comptables ne doivent pas l’emporter sur les enjeux sanitaires. Faut-il attendre une nouvelle affaire «ESB ou vache folle» pour réagir?
L’union Européenne vient d’autoriser, à partir du 1er juin prochain, l’intégration des farines animales dans l’alimentation des poissons d’élevage. Les protéines animales transformées avaient été interdites dans l’alimentation des ruminants suite au scandale de la «vache folle». Ce sont de nouvelles dérives possibles dans un système au service de la recherche du profit maximum à n’importe quel prix et aux contrôles publics inexistants.
Le gouvernement a les moyens d'agir. Ce n'est pas qu'un problème d'étiquetage ou de traçabilité. La qualité des produits et la santé publique sont en jeu. L'alimentation de la population ne peut être laissée aux mains d'intérêts privés sans scrupule. Il est temps de stopper la double peine alimentaire des familles modestes condamnées à se nourrir à bas prix et sans garanties sur la composition des produits.

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