Le score du Front de
Gauche au premier tour a été passé sous silence ou évoqué comme un
«échec». Pour étayer cette opinion, les principaux médias ont comparé le
résultat de l’élection à des sondages. Les sondeurs cherchent à faire passer leur erreur pour notre échec.
Tout est bon pour défendre le système médiatico-sondagier! Pour notre
part, nous ne comparons les résultats qu’aux résultats d’autres
élections et non à des sondages dont la fiabilité est discutable.
Aucun commentateur n’a évoqué par contre l’échec de Marine Le Pen qui n’atteint aucun de ses objectifs.
Il y a un an, elle était annoncée en tête du 1er tour avec 24% par un
sondage. Elle affirmait elle-même, il y a quelques jours,
qu’elle serait au second tour et obtiendrait plus de 20% des suffrages. Elle n’a atteint aucun de ces deux objectifs. L’effacement de cette réalité vise à placer Le Pen au centre
du jeu après l’élection comme avant et de faire disparaître du débat la
question du partage des richesses.
Pourtant la réalité est bien différente. Le Front de gauche effectue une
percée. Par rapport aux européennes, il gagne 3 millions de
voix et réalise près du double de son score. Pour la première fois
depuis 1981 un deuxième candidat de gauche dépasse 10% au premier
tour de la présidentielle.
Une force politique nouvelle est née. L’analyse
des résultats le montre. La dynamique du Front de Gauche est nationale et son
score est homogène sur tout le territoire (aucun
département en-dessous de 7%, 70 départements au-dessus de 10%). De plus, le Front de Gauche conquiert un nouvel électorat
qui va bien au-delà de celui des forces qui le compose. C’est le cas
dans la jeunesse, dans les centres urbains. Il approche ou dépasse 15% à Toulouse, Grenoble, Lille, Montpellier, Marseille. Ce nouvel électorat s’ajoute à la forte mobilisation des quartiers populaires et de zones rurales en Seine-Saint-Denis et en Ariège.
Ce résultat change le paysage politique Alors que tout le monde attendait une forte abstention, la poussée du
Front de Gauche va de pair avec la hausse de la participation. Elle permet la hausse du score total de la gauche à un niveau historique depuis 1988.
Malgré le soutien du PRG, du MRC et le rassemblement du PS, François
Hollande n’obtient que 2 points de plus que Ségolène Royal. Il ne
progresse que de 700 000 voix alors que le total gauche progresse de 2,4
millions de voix. Les deux-tiers de la progression de la gauche sont dus au Front de gauche.
Enfin, le Front de Gauche bloque la progression de Le Pen.
En 2002, Jean-Marie Le Pen se disait «ni de droite ni de gauche» pour élargir son audience auprès des déçus de la gauche. Aujourd’hui, les bras-droits de Marine Le Pen parlent de «recomposition à droite». Ils savent que dimanche 22 avril, les électeurs de gauche se sont dotés de leur propre recours. Il s’appelle le Front de Gauche.
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