La perspective d’un décret instituant la possibilité de
départ en retraite à 60 ans, uniquement pour tous ceux qui ont commencé à
travailler à 18 et 19 ans, s’ils ont cotisé 41 ans (périodes de maladie, de
chômage et de maternité comprises), rouvre le dossier. Cette mesure est une
avancée: elle ouvre une brèche. Mais elle ne concerne qu’une minorité (100 000
salariés environ) et ne répond pas à l’aspiration majoritaire au droit à la
retraite à 60 ans, à taux plein, pour tous.
Cette décision est une première en Europe. La plupart
des pays du continent, appliquent le principe «on vit plus longtemps, on doit
travailler plus longtemps» qui ne prend pas en compte les intérêts de vie et de
santé des salariés. Pour les tenants de ce dogme, la crise a renforcé
l’argument sous prétexte qu’il n’y aurait plus d’argent pour financer les
retraites. En Angleterre, par exemple, le départ est repoussé à 68 ans. En
France, depuis 1993, chaque réforme a été synonyme de perte de droits. Malgré
ses limites, la décision du gouvernement français pourrait constituer un
signal: celui que rien n’est irréversible!
L’UMP a du mal à l’accepter et évoque un «coup de force» oubliant son passage en
force et sa précipitation à faire voter la loi, ainsi que son refus de
consulter le peuple par référendum. Le MEDEF dramatise sur les «conséquences
financières» insupportables pour les entreprises.
Les solutions (moyens financiers) ne manquent pas. Le
gouvernement estime le coût de sa mesure entre 1,5 et 2 milliards par an. A
titre d’exemple, l’élargissement de l’assiette de cotisation aux revenus
actuellement exonérés (intéressement, participation, stock-options)
rapporteraient 5 milliards d’euros, la mise en œuvre d’une contribution sur les
revenus financiers des entreprises, 20 milliards… Une modulation des
cotisations des entreprises en lieu et place des actuelles exonérations
entraînerait des rentrées supplémentaires dans les caisses de retraite.
Au sujet des retraites, c’est bien sur l’ensemble des
questions qu’il faut revenir: âge légal de départ à 60 ans pour tous, prise en
compte de la pénibilité, propositions alternatives de contribution des revenus
financiers, politique de l’emploi et des salaires…
Le décret est un signe, il doit ouvrir la voie à une vraie réforme qui
répondent aux attentes des citoyens. L’élection à l’Assemblée Nationale d’un
groupe important de députés Front de Gauche serait une garantie d’y
parvenir.
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